Grebe Camilla

Camilla Grebe, Un cri sous la glace

419heac8cxl-_sx195_Roman polyphonique troublant et captivant, « Un cri sous la glace » est de ces thrillers psychologiques qui ne se font pas oublier une fois achevés.

Le rythme nonchalant qui sied si bien aux romans scandinaves et qui peut parfois paraître monotone, voire insipide devient ici une lente mélopée perturbante, rythmant d’un air chaloupé une intrigue des plus entêtante.

Les trois voix qui chantent en alternance reprennent la même chanson mais sur des tons radicalement différents. Le chant personnel et égocentrique d’un flic se mêle à la voix douce et blessée d’une profileuse et à celle, désespérée, d’une jeune femme qui voit sa vie lui échapper.

Tout le roman chante l’abandon, la solitude et l’amour. Une musique qui peut raisonner à l’oreille de chacun si tant est qu’il en écoute et traduise les paroles. Une litanie qui ramène furtivement vers la solitude de chaque être, quand bien même il n’en réalise pas la présence. Une chanson qui raconte la complexité des rapports humains et l’exigence envers l’autre dont chacun se rend coupable.

Suffisamment rares sont les thrillers ayant une telle substance que l’écho des messages qu’il transporte me souffle encore mon propre isolement et murmure au creux de mon oreille la solitude, cette douce compagne.

Ce cri sous la glace se transforme en hurlement déchirant de trois êtres seuls, criant l’amour dont ils ont désespérément besoin mais qu’ils ne savent pas prodiguer ou même retenir, de trois âmes dont les notes respectives vont se croiser puis se heurter sur la même portée sans qu’une fois, le récit ne tourne à la cacophonie.

Camilla Grebe est une romancière/compositrice habile qui réussit, avec ce roman, un opéra au scénario extrêmement solide. Chacun de ses personnages est étudié délicatement puis mis à nu. Chacun d’entre eux peut sembler familier à quelqu’un : apportant un souvenir ou une émotion connus tel ce vide engendré par l’abandon ou encore ce besoin de liberté qui nous pousse parfois à blesser, à notre tour.

Nul doute que l’air de ce roman raisonnera dans certains esprits comme il raisonne encore dans le mien.

 

ent-tant

 

Remerciements: Les Editions Calmann-Levy et le site NetGalley

4ème de couv’

 

Emma, jeune Suédoise, cache un secret : Jesper, le grand patron qui dirige l’empire dans lequel elle travaille, lui a demandé sa main. Il ne veutimages cependant pas qu’elle ébruite la nouvelle.
Deux mois plus tard, Jesper disparait sans laisser de traces et l’on retrouve dans sa superbe maison le cadavre d’une femme, la tête tranchée, que personne ne parvient à identifier.
Peter, policier émérite, et Hanne, profileuse de talent, sont mis en tandem pour enquêter. Seul hic, ils ne se sont pas reparlés depuis leur rupture amoureuse dix ans plus tôt. Et Hanne a aussi un secret : elle vient d’apprendre que ses jours sont comptés.

S’ensuit un double récit étourdissant où chaque personnage s’avère cacher des zones d’ombres. À qui donc se fier pour résoudre l’enquête ?

37 réponses »

  1. Putain, la chronique de la mort qui tue ! Comment tu veux qu’on écrive un truc sur ce roman après toi ???

    Limite, si le ramage du roman a, ne fut-ce que la première plume du plumage flamboyant de ta chronique, il sera le phénix des hôtes de ce blog (et de mes lectures) !

    Bon, je te laisse toi et tes microbes, j’ai eu les miens, mais pas le déz gui goulait, au boins… 🙂

  2. Tu as toujours eu une faculté évidente pour écrire , et c’est avec délectation que je te lis !!!!

  3. Comme tu le sais, je suis admirative de ton talent d’écriture!!!!Je viens de finir ce livre, donc là, j’ai toutes les clefs en main pour comprendre chacun de tes mots et y voir les références, mais si je ne l’avais pas déjà lu, j’aurai sans doute craquer!!! 😉
    Trop forte Nath!!!!!<3<3<3

  4. Chronique très personnelle qui éclaire ce thriller par les états qui traversent les personnages : l’abandon, la solitude et l’amour. Je m’incline chère Nathalie 😉

  5. voilà une bien jolie chronique! j’en veux pour preuve que n’étant pas un grand fan de thriller même si j’en lis et en chronique parfois, tu me donnes envie de lire celui ci ! Il y a un moment que l’on se connait maintenant toi et moi et je suis toujours sous le charme de ta jolie plume ! 😉

  6. Que j’aurais aimé pouvoir écrire une telle chronique et trouver de tels mots pour mettre en avant la tessiture de ce très bon thriller.
    Que je suis admiratif de la manière dont tu le mets superbement en lumière avec toutes ses parts d’ombres (et les tiennes aussi)
    Tu sais briser la glace comme personne 😉

Répondre à lacavernedupolar Annuler la réponse.

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