Coups de coeur

Patrick Senécal, Le vide ♥

9782265099173Ce n’est qu’un roman…je me répète cette phrase comme un mantra, tentant de m’extirper de ces sensations extrêmes et presque malsaines qu’il a pu m’insuffler. J’essaie de cautériser la plaie que cette lecture éprouvante a rouverte à coup de pansements à l’âme et de points de suture au cœur.

Ce n’est qu’un roman me dis-je… comme si la vacuité de mes propres actes ou de ma propre vie ne m’avait pas été jetée violemment à la figure, comme si Patrick Senécal n’avait pas, à coup de catapulte, brisé quelques fragiles défenses érigées avec soin depuis longtemps.

Ce n’est qu’un roman…mais il m’a tant secouée, tant fait resurgir quelques démons que je croyais trop vieux pour crocheter mes serrures que même refermé, il me nargue de ses messages.

Ce n’est qu’un roman… 800 pages lues presque d’une traite tant j’étais subjuguée, fascinée, presque envoûtée par ce récit.

Senécal choque, Senécal bouscule, Senécal franchit les limites même. Mais Senécal écrit sur la part sombre de l’être humain, celle que nous avons tous et qui est censée nous différencier de l’animal sans pour autant que nous puissions en retirer une quelconque fierté. Celle-là même qui en fait ralentir certains sur les lieux d’un accident ou qui en pousse d’autres à ignorer la misère humaine.

Le côté insoutenable de certains passages sont assenés de manière si violente que je les ai lus du bout des yeux, me questionnant sur la nécessité d’écrire de telles abominations mais à bien y réfléchir, le cheminement de certains personnages en devient plus compréhensif, voire presque évident.

Roman écrit en 2007 et choisi par Fleuve Noir pour faire enfin connaître Patrick Senécal en France, « Le vide » est bien plus qu’un thriller. L’auteur réussit à poser la question des limites de la liberté d’expression, de la décadence de notre société à travers des jeux pervers, de la folie de l’homme et du sens de la vie…

Tout change et pourtant…rien n’a changé. Donnez-leur des jeux et du pain : c’était il y a 2000 ans et le peuple ainsi que les manipulateurs sont toujours les mêmes. Le monde est un échiquier, nous en sommes les pions. Roman presque sociologique, « Le vide » m’a apporté un questionnement quasi philosophique et m’a profondément remuée.

Pour la plupart, nous traversons la vie de façon conventionnelle, mais sommes-nous pour autant condamnés à ne rien en faire d’extraordinaire, à ne rien laisser ne serait-ce qu’une trace infime ? Nos rêves fous ou illusoires sont-ils tous dérisoires ? Et que faire pour remplir mon propre vide ? Écrire…

Ceux qui me connaissent savent que j’ai tendance à digresser et à me relire, je le reconnais bien volontiers. Je réalise même que cette chronique n’en est pas vraiment une. Pourtant, un bon roman est justement là pour ouvrir d’autres perceptions, pour engendrer d’autres réflexions. Aussi éphémères soient elles…

Mais ce n’est qu’un roman…n’est-ce-pas ?

 

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5Sans titre

 

Humeur musicale

Un titre d’un groupe que j’affectionne particulièrement: Archive, End of your days

4ème de couv’

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Pierre Sauvé. À l’orée de la quarantaine, veuf, père d’une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui toutes les apparences d’un crime passionnel. Frédéric Ferland.

Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu’il ne voit guère, il cherche depuis des années l’excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu’il a toujours trouvée terne.

Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno. Maxime Lavoie. Trente-sept ans, célibataire, idéaliste… et milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l’animateur de Vivre au Max, l’émission de télé-réalité la plus controversée de l’heure… mais aussi la plus populaire.

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens… tout comme la vôtre !

 

 

     

34 réponses »

  1. Superbe chronique ! Ce livre me titille depuis l’hiver dernier et je n’ai toujours pas craqué. J’aime beaucoup le passage où tu te demandes quoi faire pour remplir le vide. C’est très bien écrit 🙂

  2. Encore un auteur que je dois découvrir… j’ai plusieurs titres en stock, reste à choisir.
    Une chose est sure ta chronique élogieuse va lui faire grimper quelques marches dans mon Himalaya à Lire !!!

  3. Ceci n’est qu’une chronique, oui mais quelle chronique.
    Si avec celle-ci tu ne donnes pas envies à tes lecteurs de lire ce roman, alors personne ne le pourra.
    Bravo pour ces mots si intenses.
    A travers ceux-ci j’ai l’impression de te connaître un peu plus. 🙂

  4. Quelle chronique!!!!!!Il me tarde de le lire!!!!
    Surtout que le Papa Noel a magnifiquement bien fait les choses, puisqu’il rejoint ma PAL aujourd’hui meme!!!!!
    Ne change rien surtout a ton style d’écriture, on est fan de toi!!!!
    Joyeux noël ma belle!!!!;) Bisous

  5. Une très belle chronique 😉 et ça donne envie de se jeter le roman de Senécal, auteur canadien, que l’on a de le peine à trouver en Europe 😉
    Je dois avoir des romans de cet auteur dans ma PAL .. il faut que je les déterrent !

  6. Que dire
    Je ne sais
    Je vais sûrement le lire, un de plus dans ma longue liste
    Cette liste est t elle une quête. ..
    Je me pose la question
    Dans tout les cas te lire est toujours un plaisir mais un plaisir surprenant à chaque fois
    Merci

  7. Non ce n’est pas une chronique ordinaire. C’est un texte d’une force exceptionnelle que tu nous proposes, à l’image de ce roman. Tu m’as collé des frissons

A vot' bon coeur m'sieurs dames...