Coups de coeur

Ian Manook, L’oiseau bleu d’Erzeroum ♥

L-Oiseau-bleu-d-Erzeroum

Je ferme les yeux et j’imagine d’autres vies et d’autres ailleurs.

Je vois un pays parfois gorgé de soleil et de fleurs à perte de vue. Et puis des montagnes enneigées qui surplombent de si jolis petits villages. J’aperçois des familles travaillant dans les champs, des mules peinant sous le fardeau des récoltes. Je vois des sourires, j’entends des rires et des chansons.

Et puis je vois tout ce sang. Des rivières gorgées de sang qui dévalent des collines blanches. Je vois le blanc se teinter de rouge. Je vois l’enfer.

J’entends les hurlements qui remplacent les chansons. J’entends les enfants qui pleurent.

Et puis le silence. Celui qui vient après le désastre. Celui d’un peuple massacré dont on ne parle pas assez. Celui de l’oubli.

Je rouvre les yeux et je regarde autour de moi. Je vois le bon endroit, la bonne époque. Je vois un toit sur ma tête et la paix fragile de mon joli pays. Je vois l’abondance et la prospérité. Je vois l’inégalité, la chance, le destin.

Tant d’images…tant de sentiments…Des odeurs, des émotions. Une liste à la Prévert impossible à décrire tant elle fourmille de milliers de détails: insignifiants et essentiels.

Mais je vois la lumière aussi.

Celle qui fait presque oublier l’innommable.

Elle jaillit de certaines pages comme pour écraser la noirceur. Elle est dans les yeux d’une aveugle. Dans quelques notes de musique. Elle est dans l’amour d’une mère ou dans l’espoir d’un fils.

La lueur est dans les yeux rieurs d’un écrivain qui (se) raconte. Elle est dans sa plume, dans la résilience, dans tout l’amour et le respect qu’il insuffle à son récit.

Et elle est dans mon cœur après la lecture d’un tel roman. Elle brille grâce à Ian Manook et ce récit bouleversant et terrifiant qui réussit à la fois à faire plonger dans l’horreur et à permettre l’envol de l’âme comme s’envole un oiseau bleu.

4ème de couv’

L’odyssée tragique et sublime de deux petites filles rescapées du génocide arménien.
1915, non loin d’Erzeroum, en Arménie turque. Araxie, dix ans, et sa petite soeur Haïganouch, six ans, échappent par miracle au massacre des Arméniens par les Turcs. Déportées vers le grand désert de Deir-ez-Zor et condamnées à une mort inéluctable, les deux fillettes sont épargnées grâce à un médecin qui les achète comme esclaves, les privant de leur liberté mais leur laissant la vie sauve.
Jusqu’à ce que l’Histoire, à nouveau, les précipite dans la tourmente. Séparées, propulsées chacune à un bout du monde, Araxie et Haïganouch survivront-elles aux guerres et aux trahisons de ce siècle cruel ? Trouveront-elles enfin la paix et un refuge, aussi fragile soit-il ?
C’est autour de l’enfance romancée de sa propre grand-mère que Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, a construit cette inoubliable saga historique et familiale. Un roman plein d’humanité où souffle le vent furieux de l’Histoire, une galerie de personnages avides de survivre à la folie des hommes, et le portrait poignant des enfants de la diaspora arménienne.

2 réponses »

  1. Sans aucun doute l’un des livres les plus durs que j’ai pu dans mon existence… Mais comme tu le dis, la noirceur peut être combattue.
    Il te reste à lire la suite, parce cette histoire ne peut pas s’arrêter là

A vot' bon coeur m'sieurs dames...