Vann David

David Vann, Sukkwan Island

Tu n’es qu’un assemblement de papier et d’encre. Tu as un nom, tu as un père mais tu n’existes pas réellement.

Tu n’as d’existence que celle que l’on veut bien te donner et tes vies sont aussi nombreuses et disparates que les yeux qui t’ont parcouru.

Je t’ai jeté loin de moi comme on se débarrasse d’un objet dont on ne supporte plus la vue. Inutile de protester, tu m’as apporté trop d’ennui pendant la moitié de tes pages. Je t’ai parcouru en diagonale, me lassant de ces chapitres que j’ai trouvés sans réel intérêt, détestant un de tes personnages que j’ai jugé abject et répugnant, me lassant de ces dialogues noyés dans ta narration.

Tu m’as déstabilisée dès le départ et moi qui suis pourtant avide de surprise, je n’ai pas aimé ce que tu étais.

Il m’en a fallu de la patience pour te garder entre mes mains aussi longtemps, tous ces détails assommants ont participé au fait que tu sois maintenant si mal traité. Te rends-tu compte que tu m’as fait détester cette nature implacable et ingrate que tu décris? Tu as tout fait pour me plonger dans un état d’esprit anxiogène et tu en es parfaitement conscient.

Et que dire de ce que tu exiges des êtres qui sont en toi? Que dire du choc que tu m’as fait subir? Que dire de cette fascination que tu as réussi à m’offrir dans ta seconde partie ? Crois-tu que j’aime être brutalisée de la sorte? Pour qui te prends-tu pour me narguer ainsi, te délectant de mes émotions contradictoires?

A présent je suffoque, asphyxiée par tant de noirceur. Je pense à ton créateur. Dort-il la nuit après avoir crée un tel récit? Est-il encore capable ne serait-ce que de rire après t’avoir extirpé de ses propres entrailles?

Pardonne cette colère motivée par les émotions sans concession que tu m’as fait ressentir. Après tout tu n’es pas responsable de ce que tu es.

Je ne vais pas te laisser là, je vais te ranger avec tes semblables ils t’apporteront peut-être un peu de réconfort, un peu de cette joie de vivre que visiblement tu ignores.

4ème de couv’

Une île sauvage du sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, toute en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. Mais la rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Couronné par le prix Médicis étranger en 2010, « Sukkwan Island » est un livre inoubliable qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine.

 

10 réponses »

  1. Ben vous savez donner l’envie de lire un roman, vous deux ! PTDR Parfois, vous me tentez diablement et là, la douche froide en lisant la chronique plus ce qu’Yvan en dit.

    Pourtant, des gens l’ont aimé, donc, il doit y avoir un truc dedans… que je trouverai peut-être pas non plus, mais pour ça, faudra que je le lise, et là, bizarrement, j’en ai autant envie que de bouffer des rognons crus enrobés de foie de veau cru et de cervelle de vache (crue toujours).

    C’est vous dire l’envie que vous me donnez, les gars et les gates ! 😆

    Fait chier, WP me demande mon pedigree total alors qu’il était enregistré !! Les enfoirés de lutins, une fois de plus.

    • Hahahaha qu’est-ce que tu me fais rire toi !!
      Plus sérieusement oui j’ai trouvé qu’il y avait un truc…
      Le talent de filer le bourdon et de donner envie de bouffer du Lexomil mais pas que…
      C’est franchement un auteur a « essayer « .
      En tout cas on aime ou on déteste…
      Mais pas que…
      Je n’ai pas détesté mais en même temps si !
      Voilà ça t’a aidé à prendre une décision ???
      🤣🤣🤣🤣

A vot' bon coeur m'sieurs dames...