Pair Stéphane

Stéphane Pair, Élastique nègre

Une poésie brutale et noire. Noire comme les hommes et les femmes de ce récit. Noire comme les âmes de certains d’entre eux. Noire comme la nuit qui s’effondre sur les Caraïbes.

Une écriture complexe et difficile à appréhender. Difficile comme les images glissées entre les lignes et qu’il faut déchiffrer pour bien les comprendre. Difficile comme la concentration indispensable qui doit s’installer avant de tourner les pages de ce roman.

« Élastique nègre » n’est assurément pas un roman insignifiant. Stéphane Pair y a jeté pêle-mêle des personnages complexes qui prennent, à tour de rôle, le devant de la scène. La construction de ce récit est des plus déstabilisante et peu perdre parfois ou pire : sembler confuse.

Un roman presque schizophrénique qui m’a égarée dans ses changements de temps et m’a contrainte à une attention toute particulière au risque, et je l’admets en toute humilité, de passer sous les fourches caudines de l’incompréhension.

Perdue dans un jardin caribéen où s’épanouissent ganja, crack et cocaïne, j’ai pris le risque de cueillir la prose de l’auteur comme on cueille des fleurs disparates pour en faire un bouquet plus coloré. La drogue s’écoulait autant, si ce n’est plus, qu’une pluie tropicale. Les destins croisés se nouaient pour n’en former qu’un seul : celui d’individus poursuivis par un passé colonialiste trop récent et rongés par une forme de désespoir léthargique.

Portrait sociologique d’une Guadeloupe trop éloignée de sa métropole pour qu’on y voit autre chose qu’une destination exotique, ce premier roman met en exergue les affres de l’isolement îlien et la presque impuissance de s’en extirper.

Émaillé de phrases somptueuses :

« Vite. Faire l’amour avant d’en savoir plus. Faire parler les corps. Confusément, dans la rage, contre l’exil. Croire y saisir quelque chose. Parce que deux corps frottés de vie sont deux signifiants. Ils solutionnent l’instant. Ils le doivent bien. Après seulement vient le regard oblique : la parole. Après viennent les exigences et la pensée chargée de bruit. On est de nouveau deux. »

et d’une construction qui casse les codes et brutalise le lecteur, « Élastique nègre » est un récit qui laisse dubitatif, perplexe et rempli de doutes… mais en aucun cas insensible.

Remerciements: Fleuve noir

4ème de couv’

 

Vieux-Bourg, Guadeloupe.
Sous la lune, le chasseur de crabes a vu progresser un groupe d’hommes dans la mangrove. C’est là, dans les entrailles mêlées de la terre et des eaux, qu’on retrouve le corps d’une femme blanche.
Qui était-elle ?
Les rêves du lieutenant-colonel Gardé sont pleins d’amantes à la peau lisse et noire comme celle des boas. Il mène l’enquête sur le cadavre du canal des Rotours, mais se heurte au mutisme et à la méfiance. En tête des suspects, le jeune dealer Vegeta, cerveau du réseau local, roi parmi les chiens, consumé par une douleur secrète.
Des squats de Pointe-à-Pitre au volcan endormi de Montserrat, de Key West à Sainte-Lucie, une immersion envoûtante dans un monde où la beauté animale n’a d’égale que l’obscure la bestialité qui sommeille au fond des hommes.

 

 

17 réponses »

  1. Je ne lis pas ton billet maintenant, j’ai passé la journée à chercher à mettre en mot ce roman. Résultat, une page blanche !
    Mais il trotte dans ma tête, alors que j’ai vraiment eu du mal avec les 150 premières pages.
    Enfin peut-être un peu moins !

  2. coucou ma sœur,
    très belle chronique,
    qui malgré ce que tu en penses me rend curieuse de le découvrir,
    mais pour ta meilleure chronique restera celle de Manook et notre Yerrudelgger
    qui nous a emporté si loin…..

A vot' bon coeur m'sieurs dames...

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