Malte Marcus

Marcus Malte, Le garçon

cvt_le-garcon_4265« Le garçon » est un roman difficile à apprivoiser et qui m’a fait traverser des  émotions contraires. Ravissement, désappointement puis bouleversement se sont bousculés pour se fondre en un tourbillon trouble et violent tant et si bien qu’il m’a semblé ne pas être suffisamment dotée des capacités nécessaires pour en comprendre le sens…

Mais il suffit parfois de quelques centaines de pages, d’une prose lyrique et passionnée, d’un auteur intelligent et doté d’un talent immense, d’une histoire enfin : de celles que peu d’écrivains peuvent aborder avec autant de délicatesse et de sensualité. De celles qui pourraient être galvaudées sous la plume d’un ou d’une autre. Il suffit de ces quelques conditions et la flamme s’allume, la magie s’éveille, la beauté s’élève.

Le regard innocent et vierge de tout vice humain, voilà un être qui évolue dans un monde que l’on pourrait croire à son image alors qu’au même instant, des milliards d’hommes dont il n’a pas conscience vivent et courent, inventent et détruisent, font l’amour puis la guerre. Une innocence brute, sans humain pour la violer ou la dénaturer.

Alors apparaît le monde dans tous ses contrastes quand les yeux du garçon se posent sur lui. Sans un mot, ils se découvrent l’un l’autre. Les deux vont s’apprendre, s’étudier, s’observer et même s’apprivoiser parfois. La cruauté du premier va souiller la pureté du second et le cœur pur du garçon passera de l’émerveillement au désenchantement. Perte cruelle et inéluctable.

Chaque route empruntée est jalonnée de vide qu’il comble de sa pureté, petits morceaux de vies parfois inconscientes du présent qui leur est fait. Chacune de ses rencontres est comme une offrande à celui ou ceux qui l’accueillent et quand vient l’heure de partir, c’est une part de bonheur qui s’en va avec lui.

Ce roman est une quête vers l’absolu et vers la beauté. Une allégorie du beau et du laid, du bon et du mal, de la vie et de la mort. L’innocence est perdue par la connaissance et brisée par l’existence, le sexe et la guerre. La grâce est déshonorée par l’homme.

Le garçon apprend. Puis désapprend. Son humanité réside dans son innocence mais dans sa sauvagerie aussi. Tout est opposition et pourtant tout est si humain.

Le garçon n’a pas de nom car il a les porte tous. Il est le visage de l’homme dans ce qu’il a de plus entier et de plus passionné. Il est toutes les étapes d’une vie, toutes les émotions, toutes les sensations. Nul besoin de nom pour que la beauté de la vie soit salie par la laideur de la mort. Nul besoin de nom pour être humain.

 

4ème de couv’

marcus-malte

 

Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin, d’instinct.
Alors commence l’épreuve du monde : la rencontre avec les hommes – les habitants d’un hameau perdu, Brabek, l’ogre des Carpates, lutteur de foire philosophe, Emma, mélomane et si vive, à la fois soeur, amante et mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’abominable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation.
Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience, émaillé d’expériences tantôt tragiques, tantôt cocasses, et ponctué comme par interférences des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est l’immense roman de la condition humaine.

 

34 réponses »

  1. Non, mais WordPress n’a pas fait son boulot!!!Je n’ai pas vu ta super méga géniale chronique!!!!!;)
    Je comprends un peu tes petits bémols, mais je trouve que tu le mets magnifiquement en valeur!

  2. Alors figure toi que j’ai rencontré Marcus Malte hier soir dans ma librairie préférée ! Je ne l’ai pas lu et ne compte pas le lire pour l’instant mais j’ai aimé ce qu’il en a raconté. Je me suis permise de lui conseiller de lire les blogs, de vous lire tous, car il verrait ainsi l’enthousiasme de non professionnels qui s’expriment sans contraintes, contrats ni alliance, avec les tripes. Je ne sais pas si il va s’y mettre, il ne semble pas croire en l’importance de ce mode d’expression. Tant pis pour lui !

    • Que certains auteurs ne lisent pas les blogs ne me choque pas, d’autant plus qu’ils sont nombreux ( les blogs). Imagine tout ce qui sort sur un prix Femina, un Goncourt ou tout autre prix prestigieux. Les pauvres passeraient leur temps sur le net à lire tout ce qui se dit sur eux 🙂
      Ou bien ça peut aussi être de la pudeur, va savoir 🙂

    • Je l’ai trouvé compliqué , j’ai eu du mal à l’aborder j’avoue. C’est là que je m’aperçois à quel point je ne suis pas littéraire 🙂
      Mais c’est un putain de roman, tu vas kiffer 🙂

  3. Oh, tu n’as pas z’aimé l’histoire d’amûr ?? Moi je l’ai kiffée à mort. Juste eu un peu de mal au départ, parce que je ne suis pas habituée à une écriture aussi poussée, mais ensuite, roule ma poule ! 😀

    Bon, je vois que nous avons été deux cobayes dans les mains de l’Alsacien… mais que fait l’ONU ??

    • Moi non plus je ne suis pas habituée. J’ai eu maintes fois l’impression de replonger dans les classiques obligatoires. .. jusqu’à ce que je dépasse ça et que je plonge dans l’histoire.
      L’histoire d’amour m’a lassée. Les détails erotiques m’ont agacés. .. mais ça sert tellement le récit finalement

  4. « Le garçon n’a pas de nom car il a les porte tous. Il est le visage de l’homme dans ce qu’il a de plus entier et de plus passionné. » : c’est très exactement ça ! Il n’y a que toi pour trouver ainsi les mots les plus justes pour décrire une expérience littéraire.
    Et ce roman éblouissant est définitivement une expérience. Merci d’en avoir été un si intéressant cobaye 😉

A vot' bon coeur m'sieurs dames...