Tartt Donna

Donna Tartt, Le chardonneret

le-chardonneret,M137222Toi qui décides de lire « Le chardonneret », abandonne tout espoir de lecture superficielle et modeste car la divine Donna Tartt ne te simplifieras pas cette lourde tâche.

Il te faudra traverser plus de 1000 pages avant de franchir, paradoxalement soulagé et satisfait de ton exploit, la fin de ce roman presque interminable. Il te faudra braver les longues phrases et les descriptions qui te plongeront dans un maelström d’images et d’odeurs dont tu auras du mal à t’extirper. Il te faudra traverser les différentes vies de Théo Decker, avec cette sensation étrange de presque tenir la main de ce personnage que tu aimeras et détesteras à la fois.

Tu n’auras nul besoin de fermer les yeux afin de te projeter dans les atmosphères disparates tant Donna Tartt te donnera matière à les créer autour de toi, à force de détails et de sensations. Tu pourras presque toucher, sentir, respirer. Tu auras des œuvres d’art sous les yeux et quand bien même tu n’y serais pas sensible, tu en apprécieras la beauté. La gestion du deuil qui est au centre du récit te rappelleras tes propres pertes et tu pourras comprendre la souffrance de l’absence.

Le récit presque intemporel t’interpellera souvent et tu auras du mal, parfois, à situer ce récit dans un espace-temps. Fusion de nostalgie et de modernisme, la haute bourgeoisie new-yorkaise se mêlera aux trips glauques de drogués en manque. Les dealers et les mafieux danseront au côté des nantis. Les tableaux séculaires seront couverts de crasse et de coke mais brilleront dans les soirées mondaines.

Lors de ta lecture, tu auras quelquefois l’envie irrépressible de passer certains chapitres, essoufflé par tant de mots. Tu te demanderas à plusieurs reprises pourquoi tant de pages pour un si petit tableau. La besogne te paraîtras trop dense et, oseras-tu dire, presque pompeuse. Et tu auras peut-être raison…

Mais une fois dépassé ce besoin irrépressible d’action que tu as cherchée en vain, tu pourras te concentrer sur la réflexion que t’auras apportée ce récit. Tu comprendras que l’auteure a su toucher ton intellect et tes questionnements. Tu t’interrogeras sur qui tu es vraiment. Tu réfléchiras sur tes choix de vie et ces conventions sociales qui t’éloignent de tes rêves et t’enchaînent malgré toi. Tu penseras « liberté » et peut-être même « anarchie » si tu oses. Tu voudras même voler à la place de ce petit oiseau enchaîné qui donne le titre à ce roman.

Mais tu penseras surtout à cette solitude qui nous lie et nous sépare à la fois et tu réaliseras que ce livre vaut d’être lu, ne serait-ce que pour cela.

 

4COEURS

Humeur musicale

Radiohead, avec ce titre, est le seul groupe a être cité dans le roman et ma foi, le rythme lui sied à merveille.

4ème de couv’

6930628

 

 Qui est Theo ? Que lui est-il arrivé à New York pour qu’il soit aujourd’hui, quatorze ans plus tard, cloîtré dans une chambre d’hôtel à Amsterdam comme une bête traquée ? Qu’est devenu le jeune garçon de treize ans qui visitait des musées avec sa mère et menait une vie de collégien ordinaire ? D’où vient cette toile de maître, Le Chardonneret, qu’il transporte partout avec lui ?

À la fois roman d’initiation à la Dickens et thriller éminemment moderne, fouillant les angoisses, les peurs et les vices de l’Amérique contemporaine, Le Chardonneret laisse le lecteur essoufflé, ébloui et encore une fois conquis par le talent hors du commun de Dona Tartt.

22 réponses »

  1. Billet magnifique, comme toujours, mais ce roman semble ardu .. je me suis acheté son premier roman, que je n’ai toujours pas lu, car finalement Dona Tartt semble difficile à lire.

    • Je te confirme que ce n’est pas une lecture très facile. Il faut l’entourer de bouquins plus « simples » pour se reposer les neurones 🙂
      Ceci dit, c’est vraiment un beau roman et ça vaut le coup parfois, de faire travailler un peu nos petites cellules grises.
      Merci pour ton gentil compliment, ça me va droit au cœur 🙂

      • Heureusement que le livre est abouti, vu qu’elle en écrit un tous les 10 ans ! Je n’ai pas peur de faire travailler mes neurones, mais au bout d’un moment je risque de lâcher prise .. enfin j’ai le temps de me décider 😉

  2. Merci pour ta chronique 🙂 je n’ai pas eu ta force ni ton courage et j’ai abandonné bien déçue et pourtant la longueur ne me fait pas peur, mais je n’ai pas réussi à rentrer dans le livre!

    • J’avoue que parfois j’ai été tentée de lire quelques passages en diagonale. … mais j’ai tenu bon et j’en suis heureuse 🙂
      Merci pour ton passage. 🙂

  3. ily a fort longtemps j’avais lu le  » Maître des illusions » que j’avais particulièrement aimé. L’as tu lu? si oui,  » le Chardonneret » est il de la même trempe? ( judicieux choix que Radiohead ! j’adore ce groupe! ) Bisou!

    • Non je ne l’ai pas lu mais vu que Le chardonneret a obtenu le prix Pullitzer, on pourrait en déduire qu’il est encore meilleur…
      Pour Radiohead, c’est le seul morceau qui est cité dans le roman et qui colle à mes gouts. Je n’ai donc pas beaucoup de mérite 🙂
      bisous mon mulot 😉

  4. voilà la preuve qu’abondance de mots ne nuit pas toujours. Merci pour cet enrichissant ressenti.
    Bon, maintenant tu passes à un Oui-Oui pour souffler un peu

  5. Ouah, je suis époustouflée par ta chronique!!!!!!J’ai un livre de DONNA Tarrt dans ma PAL de puis des années, et j’ai très envie de le découvrir! Je me note celui ci de toute urgence, parce que moi Liberté, je trouve que ca rime bien avec fée 😉

A vot' bon coeur m'sieurs dames...

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