Ericsdotter Asa

Asa Ericsdotter, L’épidémie

Serais-je inconsciente ou simplement masochiste ?

Aurais-je besoin de dédramatiser une situation que je ne contrôle ni ne maîtrise ?

Je n’ai pas de réponse à ces questions. Ce roman est simplement tombé dans mes mains et pour qui le lira, il faudra faire abstraction de ce titre qui semble trop rappeler ce que nous vivons en ce moment.

En réalité, il ne s’agit pas là d’une épidémie telle qu’on pourrait la concevoir. Le mot représente un tout autre contexte et fait plutôt référence à une sorte de paradigme: Celui d’un dirigeant obsessionnel, dévoré par le culte de l’image, obsédé par le pouvoir. L’épidémie ressemble là à un regard porté sur l’autre et à cette sorte d’apathie et d’immobilisme qui paraît se transmettre à l’échelle d’un peuple tout entier.

Je ne m’attarderai pas sur le récit lui-même car tout ou presque est dit dans le résumé de l’éditeur. Je préfère me focaliser sur ce que représente le fond de ce roman, sur les dangers d’une propagande bien menée, sur l’intolérance et les discriminations.

Parce que tout cela est mis en avant dans ce roman, comme une sorte d’alerte, de mise en garde. Le mot « dictature » y prend tout son sens et se fond dans chacune des pages.

La dictature d’un régime politique et l’impuissance d’un peuple avant qu’il ne s’éveille. La confiance puis l’anéantissement. Le charisme et la rhétorique sont des pouvoirs dangereux lorsqu’ils n’appartiennent pas à la bonne personne. L’Histoire l’a prouvé et pourtant…

La dictature de l’image: celle qui à le pouvoir de nous faire paraître beau ou laid, à la page ou démodé, mince ou gros, jeune ou vieux…La liste est longue et mène tout droit vers l’intolérance. Aucun d’entre nous n’y réchappe. Nous sommes jugés par notre physique et nous sommes manipulés et conditionnés pour le faire. Dans ce roman, l’auteur dénonce cette superficialité qui peut isoler dès l’enfance et qui parfois, mène au drame. Le rejet de la différence n’est que le reflet de la peur qu’on a de l’autre.

« L’épidémie » est le premier roman paru en France de cette auteure suédoise. La qualité d’écriture, les personnages intéressants et fort bien travaillés ainsi que les messages représentés m’ont fait oublier les quelques rares défaut que j’ai pu y trouver. Le style y est habituel aux auteurs scandinaves : nonchalant, emprunt de cette langueur particulière qui leur est propre. Même si Åsa Ericsdotter va loin, parfois très (trop?) loin dans son scénario, « L’épidémie » est un bon roman d’anticipation, presque une dystopie qui se lit sans qu’on est envie de s’arrêter avant la fin.

 

 

4ème de couv’

 

Le politicien Johan Svärd a pris le pouvoir grâce à une victoire électorale historique. Sa promesse de campagne : éradiquer l’obésité. Le jeune chercheur Landon Thomson-Jaeger voit alors sa copine tomber petit à petit dans l’anorexie, et les églises se transformer une à une en centres de santé. C’est en essayant d’échapper à la propagande qu’il rencontre Helena, qui vient de perdre son emploi car les infirmières ayant de l’embonpoint ont, selon le Parti, une influence néfaste sur les patients.
Le Parti de la Santé est prêt à tout pour faire disparaître l’obésité. D’ailleurs, où sont passés les obèses ? Quand Helena disparaît à son tour, Landon part à sa recherche et fait sur son chemin des découvertes qui font froid dans le dos… que se passe-t-il dans les « camps pour obèses » du Parti, et jusqu’où iront les contrôles ? Le climat social est rude et la menace pèse…

 

14 réponses »

  1. Bonjour
    Je viens de finir le livre.
    Métaphore du fascisme, ok
    Bien écrit SAUF les dialogues.
    Problème de traduction ? Je ne sais pas, mais ils n’apportent rien à l’avancée de l’intrigue.
    Mais assez glaçant et prenant pour que je le finisse en moins de 2 jours.

  2. Mince, moi qui ait des kilos à perdre… 😀 Nous sommes jugés tout le temps : trop bien habillé, mal fagotée, trop d’argent, pas assez, taille, poids, sexe, longueur du sexe… 😀 On n’est jamais assez bien.

    Si je tombe dessus, je le prendrai 😉 Merci pour la découverte.

A vot' bon coeur m'sieurs dames...