Puertolas Romain

Romain Puértolas, La police des fleurs, des arbres et des forêts

Je me dis parfois qu’à trop lire de récits noirs et dramatiques, il se pourrait que quelque chose en moi dysfonctionne. Une violence contenue ? Une colère rentrée ? Non pourtant…en réalité je n’aime ni le meurtre, ni le sang ni tout ce qui a trait de près ou de loin aux vices de l’humanité. En réalité, je ne suis que douceur et gentillesse si tant est qu’on me laisse l’occasion de l’être.

Dans la fiction en revanche…

« La violence sucrée de l’imaginaire console tant bien que mal de la violence amère du réel. » Ce n’est pas de moi mais de Roland Topor et donc, nous, lecteurs assidus de romans noirs, violents et sanglants parfois, nous n’aurions de cesse de vouloir nous réconforter à travers nos lectures ? Serions-nous plus sensibles, plus émotifs au final ? Voilà une explication qui en vaut bien une autre. Toujours est-il que…

Tiens, un roman de Romain Puértolas…ça va me détendre un peu.

C’est frais un Puértolas. Un peu naïf, un peu candide, souvent onirique. C’est plein de bons sentiments et ça aussi ça réconforte. C’est absurde aussi un Puértolas et j’aime ça l’absurde. Parfois.

Voyons voir quelle histoire improbable l’auteur a pu extirper de son imagination ? Après avoir, entre autre, fait voyager un fakir dans une armoire et ressusciter Napoléon, la curiosité brûle mes rétines. Je m’apprête à quitter ma planète et à voyager sur celle de l’auteur et…

Les années soixante. Un inspecteur de police. Un meurtre.

Rien de très exceptionnel en soi si ce n’est la construction en mode épistolaire et la fraîcheur d’une époque révolue et désuète, sans téléphone portable ni internet. Et je me laisse embarquer dans ce dernier Puértolas si presque conventionnel pour l’auteur qu’il en devient étrange et surprenant.

Terminé l’Absurdie, bienvenue sur notre bonne vieille Terre. Certes, le sujet cette-fois-ci est un des plus vieux du monde mais l’auteur ne serait pas lui-même s’il n’en avait pas fait quelque chose de très personnel. Étonnamment, ni fanfaronnade, ni dialogue hilarant ne viennent ponctuer le récit. C’est une enquête policière tout ce qu’il y a de plus classique sauf que…

Sauf que c’est du Puértolas et que derrière ce si joli et mystérieux titre, se cache un piège dans lequel je défie tout un chacun de ne pas tomber à pieds joints. L’auteur est un malin qui sème des preuves évidentes sans même qu’on veuille les voir. C’est si bien fait qu’il faut lire ce roman jusqu’à sa dernière page pour comprendre enfin qu’on s’est fait berner comme de crédules lecteurs alors même qu’on s’attendait à l’être depuis le début.

Haaa le vil fourbe que cet auteur à l’imagination prolifique…qui m’aura, une fois de plus, apporté un peu de sa gaieté de vivre et de son amour pour la vie. Qui m’aura, l’espace d’une lecture, consolé de la violence du réel.

 

4ème de couv’

 

Une fleur que tout le monde recherche pourrait être la clef du mystère qui s’est emparé du petit village de P. durant la canicule de l’été 1961.
Insolite et surprenante, cette enquête littéraire jubilatoire de Romain Puertolas déjoue tous les codes.

 

 

6 réponses »

  1. Puértolas prouve qu’il n’est pas qu’un amuseur, qu’il sait écrire autrement. Mais qu’il reste un sacré imaginatif. Comme toi, j’ai aimé ce voyage dans le passé et de me faire avoir comme ça 😉

A vot' bon coeur m'sieurs dames...