Lebel Nicolas

Nicolas Lebel, La piste aux étoiles

Le téléphone sonnait depuis quelques minutes mais Nicolas s’en foutait. Dans son emploi du temps de la journée, il avait un créneau de deux heures pour bosser sur son dernier roman et rien n’allait le détourner de son but, pas même cette sonnerie insistante et insupportable.

Les doigts de Nicolas volaient sur le clavier. L’inspiration était là, à coup sûr il tenait le prochain prix Nobel de la littérature. Il serait traduit dans toutes les langues : en bengali, en bambara, en baka… Il allait prouver au monde entier que…

Ce foutu téléphone se remettait à sonner. De guerre lasse, il s’arracha à son chef d’œuvre et décrocha.

          « Nicolas Lebel, j’écoute »

Un silence… puis une respiration rauque. Nicolas leva les yeux au ciel.

          « Olivier, le coup du pervers au téléphone tu me l’as déjà fait. Apprends à être original ! »

Un chuchotement, presque un murmure…

          « Bonjour Monsieur Lebel. Mon nom est Luc Mandoline ».

          « J’ai dit original, pas ridicule ! Pardon mais le prix Goncourt m’attend, j’ai peu de temps à te consacrer mon pote ».

          « Vous ne me connaissez pas encore. Je suis en danger, j’ai besoin de votre aide. Je n’ai pas beaucoup de temps non plus, laissez moi vous expliquer».

L’homme haletait et Nicolas s’impatientait. Il décida de laisser son fantaisiste ami aller au bout de son idée, ce serait sa bonne action de la journée. Après tout il allait lui ravir la vedette, il pouvait se fendre d’un peu de commisération.

          « Je te donne cinq minutes, pas une de plus alors fais bref et concis car je n’ai pas de temps pour la gaudriole aujourd’hui ».

          « Je vous appelle de Turquie, c’est votre éditeur qui m’a donné votre numéro. Je me suis retrouvé dans une histoire morbide à cause de mon métier. J’étais dans la légion et à présent je suis thanatopracteur et… »

          « Thanatopracteur et ancien légionnaire…voyez-vous ça… Tu me prends vraiment pour le ravi de la crèche mec !»

          « Ne m’interrompez pas je vous en prie ! Ils sont à ma recherche, je prends des risques en vous appelant mais je n’ai pas le choix. Mon job m’en fait voir de toutes les couleurs ces dernières années, c’est presque pire que la légion. Pour être franc, c’est la faute de tous ces écrivains qui me font vivre un enfer. Ils sont déjà une bonne dizaine à s’être servis de moi. Je vois du pays, c’est plutôt chouette comme boulot mais je risque ma vie à chaque fois et si vous ne m’aidez pas aujourd’hui je ne donne pas cher de ma peau, même si elle est en papier et… »

          « Attends, attends ! J’ai écouté tes élucubrations avec attention et mon intelligence a fait le reste et si je résume : tu es un personnage de roman, tu es embaumeur-légionnaire ou l’inverse et des turcs veulent te tuer. C’est Questions pour un Champion ? Je peux gagner un dictionnaire ? »

          « Vous avez bien résumé, oui. Mes aventures ont déjà fait l’objet de plusieurs romans, à chaque fois écrits par des auteurs différents. Ça marche plutôt bien. C’est plein d’action, de cynisme et d’humour. Ça vous plairait vachement et c’est super court comme format. C’est vraiment original ».

          « Ok, le concept me plaît plutôt bien. Tu fais dans l’excentrique finalement. Une question me brûle les lèvres : Qu’est ce que je viens faire dans cette galère ? »

Un blanc. Des bruits à l’autre bout de la ligne. L’ange qui passa devait avoir une mitraillette et il s’en donnait à cœur joie. La voix plus pressante, l’angoisse palpable, celui qui disait s’appeler Luc Mandoline lui dit dans un souffle :

          « Votre tour est venu. Écrivez un roman sur moi et sauvez-moi la vie. Je vous promets que vous allez vous éclater, je vous promets que ça marchera, je vous promets le sel au baiser de ma bouche, je vous promets… »

          « Stop ! J’en demande pas tant, c’est répugnant ! Et mon contrat ? J’ai des enfants à nourrir mon vieux ! »

          « Prenez contact avec les éditions French Pulp. Ils vous expliqueront tout. Je dois vous laisser maintenant, ils arrivent ! Par pitié, dépêchez-vous ! Il me reste peu de temps et… »

La communication fut brutalement interrompue. Nicolas regarda son téléphone d’un air perplexe. Son ami était vraiment devenu complètement fou pour inventer une telle histoire. Il secoua la tête en levant les yeux au ciel, reposa le téléphone et retourna à son bureau…

 

4ème de couv’

 

Quand on propose à l’Embaumeur de participer à un projet d’exposition de cadavres, il faut s’attendre à un refus : un défunt, ça se respecte, ça ne s’exhibe pas !
Mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut, encore moins lorsqu’Interpol s’en mêle.
Mandoline va devoir s’inviter dans la folie morbide d’un artiste mégalo et s’infiltrer dans sa forteresse turque pour tenter de lever le voile sur un trafic international de cadavres…

L’Embaumeur joue les Monsieur Loyal dans un drôle de cirque…

 

 

5 réponses »

A vot' bon coeur m'sieurs dames...