Gallerne Gilbert

Gilbert Gallerne, Mauvaise main

Je sais d’où je viens. Je sais que chaque action, chaque geste, chaque choix sont intimement liés à mon passé.

Je sais l’importance des racines auxquelles m’accrocher. J’en oublie parfois la profondeur et combien de fois j’ai tenté de les arracher après avoir omis de les arroser.

Je sais la plénitude ou la dépression. Grâce ou à cause d’elles. Je sais qu’elles font ce que je suis et longtemps je l’avais oublié.

Et puis aujourd’hui…

Je sais reconnaître une histoire qui prend sa source dans les abysses d’un passé trop lourd à porter. Un récit âpre, presque malsain parfois, où l’auteur sait asséner les faits sans concession aucune.

Gilbert Gallerne raconte et chaque phrase paraît mesurée. Une économie de mots qui semble rappeler les habitants taciturnes d’une région qui l’est tout autant. Une lumière sous les sapins vosgiens qui peine à atteindre les quelques âmes qui tentent d’y vivre.

L’avarice du verbe apporte l’atmosphère impérative au récit et cette construction intelligente rend ce roman difficile à poser. Les personnages laissent libre court à l’imagination car peu décrits et là où cette singularité pourrait manquer dans d’autres romans, elle apparaît ici comme une nécessité.

Court. Concis. Abrupt.

« Mauvaise main », tombé dans mes bras accueillants, est un roman noir qui conjugue simplicité terrienne et complexité humaine. Un condensé de réflexion sur ce qui construit et détruit l’Homme, sur les secrets de famille et la résilience.

Un roman qui fait se retourner constamment, comme on regarde un rétroviseur. Inquiet ou prudent. Un récit qui fait sa route, pressé d’arriver mais regrettant amèrement son point de départ à l’instar des hommes et des femmes qui le construisent.

 

4ème de couv’

 

Eric, quasiment à la rue avec une femme sur le point d’accoucher, n’a plus de travail.
Il n’a qu’une seule solution pour s’en sortir : quitter la ville pour rejoindre la scierie familiale, perdue en pleine ligne bleue des Vosges.
Un retour aux sources compliqué quand on n’a pas vu les siens depuis des années.
Il y a ça, et surtout les secrets de famille, sans compter les magouilles du frère aîné qui règne en véritable tyran sur le domaine.
Une France profonde et noire où il ne fait pas bon s’aventurer…

13 réponses »

  1. Chronique magnifiquement écrite, qui met bien le livre en valeur.
    Pas comme la couverture qui est l’une des plus hideuses que j’ai vu dans ma vie et qui est un vrai repoussoir…

  2. Ouf….
    Quelle chronique!
    Quel beau vocabulaire !
    Quel phrasé!

    Bravo à la chroniqueuse

    J’attends des avis!

A vot' bon coeur m'sieurs dames...