Lebel Nicolas

Nicolas Lebel, Dans la brume écarlate

« Mon cher Jonathan,

Je suis confinée dans ma cabine depuis presque une semaine et je me languis de vous. La houle me berce et m’affaiblit et je ne parviens pas à avaler autre chose que du bouillon. Moi qui pensait être forte et vous rendre fier, me voilà aussi faible qu’un chaton au sortir du ventre de sa mère. J’aimerais que la mer ne soit qu’un lac tranquille où ce bateau glisserait sans aucune vague pour perturber sa traversée. Mes forces déclinent et je ne peux faire autre chose que lire et vous écrire.

Mes journées sont comme mes nuits : longues et solitaires. Je ne vois que le capitaine qui vient s’enquérir de ma santé de temps à autre ainsi que Madame Van Helsing qui me procure tout ce dont j’ai besoin. Elle reste de temps à autre pour me tenir compagnie et, détail indispensable : elle m’apporte des livres.

A ce sujet, j’ai entre les mains le dernier roman de Nicolas Lebel. Cet écrivain vous plairait beaucoup mon ami. Ses personnages sont aussi touchants que désopilants et ce dernier opus vous rappellerait à quel point je vous suis attachée. Il y a beaucoup d’amour dans ce récit malgré les choses terribles qui y sont relatées. Je vous sais sensible, peut-être certaines scènes vous rendraient-elles frémissant et vous plongeraient dans des affres nocturnes. Plus encore alors que je suis si loin de vous mais vous pourriez ainsi vous remémorer nos longues promenades sur les quais de la Seine et imaginer tous ces personnages s’agitant autour de corps exsangues. Voilà un bien bel hommage à de grands auteurs comme Bram Stoker ou Mary Shelley.Ce Nicolas Lebel me surprend à chacun de ses romans.

Quel effroi mon aimé ! Je me suis assoupie un instant et mes rêves m’ont laissée encore plus épuisée que je ne l’étais déjà. Imaginez une ombre s’introduisant sans un bruit dans ma cabine puis se penchant vers moi pour venir s’abreuver du sang qui coule dans mes veines. Je me suis éveillée dans un cri qui m’a semblé résonner jusqu’aux cales de ce navire. Mon cœur s’en affole encore et réclame vos bras afin que je puisse m’y apaiser.

Je vous dois la vérité cher, très cher Jon…Je fais ce rêve depuis le début de la traversée et je soupçonne qu’il n’est pas étranger à mon état de léthargie permanent. Je me suis confiée à Madame Van Helsing mais cette dernière me traite comme une enfant et se moque de ma sensibilité. A présent, je lui tais mes soupçons et c’est vers vous que se tend à présent mon besoin de réconfort. Soyez indulgent mon ami.

J’ai tenté de me reposer quelques instants. J’ai terminé ma lecture qui, je dois l’avouer, me passionne et m’indispose à la fois. J’ai comme un sentiment de « déjà-vu » depuis le début de ce roman mais je n’arrive pas à faire remonter à la surface ce souvenir nimbé de brume que ce récit ressuscite. C’est comme si l’auteur me connaissait. Comme si les personnages m’étaient intimement liés.

Et puis il y a cette tristesse inhabituelle dans cette série… Comme une sombre destinée s’abattant sur ces créatures de papier. Je ne peux vous exprimer l’affliction que j’ai ressentie à la découverte des choix scénaristiques de l’auteur. Je n’en dirai pas plus cependant, je compte bien que vous appreniez par vous-même ce que j’essaie de vous faire comprendre avec tant d’ardeur.

Il est tard mon cher et tendre Jonathan. La nuit l’a emporté sur le jour et j’entends le frottement des vagues sur la coque. Ou est-ce à l’intérieur de la cabine ? La lune m’éclaire à peine et je ne distingue rien. Il me semble entrevoir une silhouette. Je sers mon roman contre moi, arme dérisoire mais je n’ai rien d’autre pour me défendre. Mon regard tente de percer l’obscurité, je me recroqueville dans le creux de mon lit. Le brouillard dehors est plus épais encore. Ma langueur brouille ma vision, la brume est écarlate… »

« Lettre inachevée retrouvée après la disparition de Mina H. sur le paquebot « King Nicolas II » glissée à l’intérieur du roman de l’auteur français N. Lebel. Pièce à conviction n°4. A ce jour, Mina H. n’a pas été retrouvée. »

 

 4ème de couv’

Une femme se présente au commissariat du XIIe et demande à voir le capitaine Mehrlicht en personne.. Sa fille Lucie, étudiante, majeure, n’est pas rentrée de la nuit. Rien ne justifie une enquête à ce stade mais sait-on jamais… Le groupe de Mehrlicht est alors appelé au cimetière du Père Lachaise où des gardiens ont découvert une large mare de sang. Ils ne trouvent cependant ni corps, ni trace alentour. Lorsque, quelques heures plus tard, deux pêcheurs remontent le corps nu d’une jeune femme des profondeurs de la Seine, les enquêteurs craignent d’avoir retrouvé Lucie. Mais il s’agit d’une autre femme dont le corps exsangue a été jeté dans le fleuve. Exsangue ? Serait-ce donc le sang de cette femme que l’on a retrouvé plus tôt au Père Lachaise ? La police scientifique répond bientôt à cette question : le sang trouvé au cimetière n’est pas celui de cette jeune femme, mais celui de Lucie…

16 réponses »

  1. DRACULA !!! ❤ Maintenant, lorsque je vais le relire pour le Mois Anglais, je vais chercher ta missive dans les pages de Bram… 😉

    Pas encore acheté le dernier Lebel mais tu me fais peur avec ces chois scénaristiques… Me dis pas qu'il en tue ???

  2. Tout à fait d’accord Yvan
    Cette chronique de qualité inciterait à écrire une nouvelle voire un livre, non ?

A vot' bon coeur m'sieurs dames...