Varenne Antonin

Antonin Varenne, Equateur

cvt_equateur_3009La nuit avait étreint le paysage depuis longtemps et le feu de camp crépitait doucement quand le vieil homme commença à raconter son histoire. Nous étions tous impatients, les yeux rivés à ses lèvres, avides de cette suite que nous avions tant attendue.

La première fois, lorsqu’il nous avait retracé les aventures d’Arthur Bowman, les heures s’étaient écoulées comme des minutes. Tout était si merveilleux et passionnant que même les quelques cris des animaux nocturnes ne venaient pas perturber notre concentration.

La promesse d’une suite de cette fantastique épopée nous faisait piaffer d’empressement et les premiers mots du vieux conteur arrivèrent comme un fol espoir de rêves et de voyage. Et quel voyage…

C’est au Mexique, au Guatemala et même en Guyane que le vieux nous emmenait. Nous avions laissé Arthur Bowman au loin, dans son ranch et marchions aux côtés de Pete Ferguson. Autre homme, autres lieux, autre univers. Mais la rédemption, elle, précédait le second comme elle avait motivée le premier.

Le voyage, initiatique et libérateur, était celui d’un homme fuyant sa vie et sans doute aussi son père et cherchant un destin, se pensant exceptionnel et unique. Tous, nous étions conscients que cette illusion d’être différent nous appartenait également, que nous péchions tous par excès d’orgueil en imaginant avoir droit à une destinée singulière. Les pauvres naïfs que nous étions réalisions que nous faisions partie d’une immensité qui faisait peu de cas de chacun d’entre nous. Et pourtant…

Le chemin que le vieillard nous décrivait le menait vers un Eldorado. Il était différent de celui de son illustre aîné et portait un autre nom mais c’est bien vers un monde parfait que Pete se dirigeait. C’est après un idéal qu’il courait. C’est pour lui qu’il tuait.

Les heures avaient filées comme des grains de sable à travers les doigts de la main. L’histoire venait de s’achever, le vieux s’était tu et nous nous regardions les uns les autres, ne sachant que penser de cette suite qui n’en était pas vraiment une.

J’étais embarrassée par ce sentiment de légère déception qui m’étreignait. Je n’avais pas retrouvé cette empathie si puissante qui m’avais presque étouffée lorsque le vieux nous avait conté « 3000 chevaux vapeur ». Malgré mes efforts je n’avais pas réussi à aimer Pete Ferguson ni aucun autre des personnages.

Pourtant, les mots étaient là, toujours aussi beaux et sortant de la bouche du vieux comme des coups de poignards. Le fond géo-politique aurait dû me fasciner mais il semblait que mon esprit n’était pas préparé à apprécier ce moment comme il l’aurait fallu.

Alors le vieux, sans plus un mot, se leva doucement. Du pied, il éteignit les quelques braises qui rougeoyaient encore et s’éloigna dans la nuit. Nous nous séparâmes, tous envahis pas des sentiments différents. Je montai sur mon mustang puis l’éperonnai. La nuit m’avala et me persuada que le rêve et la beauté du final de cette histoire, à défaut des êtres, me resteraient en mémoire.

 

voyage-initiatique

 

Remerciements: Albin Michel et Babelio

 

4ème de couv’

USA. 1871. Pete Ferguson est un homme en fuite. Il a déserté l’armée durant la guerre de Sécession, est recherché pour meurtre dans l’Oregon, pour vol et incendie dans le Nebraska. avt_antonin-varenne_5902

Sous le nom de Billy Webb, il est embauché par des chasseurs de bisons qu’il quitte après un différend sanglant. Il croise alors la route de Comancheros qu il suit jusqu’au Mexique, d’où il s’embarque pour le Guatemala…

Quoi qu’il fasse, où qu’il aille, Pete attire les problèmes et fait les mauvais choix. La violence qui l’habite l’éloigne toujours plus de ceux qu’il aime : son frère Oliver, resté au ranch Fitzpatrick avec Aileen, Alexandra et Arthur Bowman.

C’est une femme qui changera son destin, une Indienne Xinca chassée de sa terre natale.

Pour la sauver, il fera échouer une tentative de coup d’état. Ensemble, ils iront jusqu’à l’équateur dont Pete a fait son graal et où il pense que les forces régissant ce monde s’inverseront enfin.

 

 

22 réponses »

  1. Je vais me faire un plaisir de le découvrir et puis faut dire que j’adore Antonin, un mec tellement sympa , Il aurait pu être jockey d’ailleurs ( du coup souvent perché sur un tabouret..) et toi aussi je t’aime ❤

  2. rhalalalala ……dès fois tu m’énerves (oui parfois mais rarement ) ..Qu’elle est belle cette chronique ..Et même si ton avis est un petit peu plus nuancé et bien cela donne tout de même un charme à ce roman … Bon je t’avoue que je n’ai pas encore lu 3000 chevaux vapeur , alors celui-ci on n’en parle pas pour tout de suite 😉

  3. Moi, vu que je ne suis qu’une fois l’an en avance, j’avais publié en avance… 😛 Et en effet, on sent bien, dans cette superbe chronique au coin du feu (ou du bois) que tu es plus nuancée que nous. Mais présenté de la sorte, ça glisse très bien, le fait que tu ais moins aimé que le précédent. 😉

    • Tu l’as pas non plus publiée trop en avance. J’ai déjà vu des posts plus d’un mois avant la sortie et je trouve ça quand même un peu tôt ☺
      Merci pour tes mots ma louloute 😙

      • Je en regarde jamais les dates de sortie vu que je ne fais pas de SP et une fois de temps un Masse critique… 😉

        De rien ma bichette !

  4. Très belle chronique, magnifiquement écrite, ma Nath… Même si ton ressenti est en demi-teinte, rien que la lecture de ta chronique devrait persuader le lecteur qu’il tient là un beau et bon roman.

    • Merci mon ami Vincent ! 🙂
      Oui j’avoue une légère déception mais je crois que j’avais placé la barre trop haute tant j’avais aimé 3000. . J’ai vu que tu avais publié aujourd’hui toi aussi, je vais me faire un plaisir de te lire ☺

A vot' bon coeur m'sieurs dames...