Celestin Ray

Ray Celestin, Carnaval

 

couv22688771Qu’est-ce qu’un siècle ? Un tout petit souffle, à peine une virgule dans l’histoire de l’humanité. A peine quelques générations, quelques inventions et le voilà terminé.

Et pourtant, il y a un siècle aux États-Unis, les personnes de couleur ne pouvaient s’asseoir dans la même partie du bus que les blancs, certains restaurants leur était interdit. D’esclaves, les noirs américains étaient passés à citoyens de seconde, voire de troisième zone. Des cimetières leur était réservés, comme si la couleur pouvait avoir une importance quelconque dans la mort…

Si proche et pourtant si lointaine, cette période honteuse parmi tant d’autres a laissé des stigmates et malgré les années, malgré l’évolution de certains esprits étriqués et malgré les excuses, il reste un héritage consternant que certains revendiquent régulièrement. Triste monde que celui qui croit pouvoir déterminer la suprématie d’un peuple selon la pigmentation de sa peau…

Le sujet est si passionnant et si vaste que Ray Celestin se l’est approprié pour la toile de fond de son premier roman et quelle réussite ! Élu meilleur premier roman de l’année par l’Association des écrivains anglais de polar, et à juste titre, « Carnaval » est une fusion entre le noir et le thriller, une union entre fiction et réalité.

Sans une seule fois sombrer dans le piège du pathos, Ray Celestin a pris un décor et un historique réel, y a mêlé un tueur en série ayant vraiment existé, a ajouté un Louis Armstrong jeune et faisant simplement partie d’un tout, un personnage parmi les autres.

L’auteur a mis dans son roman toute la richesse de la Louisiane et tous les courants du Mississippi. Tout est là : jazz, vaudou, mafia… Ray Célestin prend son lecteur par la main et le guide dans les méandres des ruelles sombres de la Nouvelle Orléans, dans les bordels devenus illégaux, dans les bars miteux bientôt menacés par la prohibition, dans les concerts de jazz ou les fumeries d’opium, dans le bayou où la pauvreté et les crocodiles règnent.

Il nous parle de ségrégation mais aussi de liberté. Il raconte la beauté de La Nouvelle Orléans et en retrace même l’histoire. Plus qu’un roman, « Carnaval » est une visite dont le guide est un incroyable conteur.

La foultitude de personnages peut paraître déstabilisante et réclame un effort de concentration afin de ne pas perdre le fil des trois enquêtes parallèles qui se déroulent en alternance mais une fois le rythme pris, l’immersion dans la Nouvelle Orléans du début du 20ème siècle est totale.

Plus que l’enquête et le déroulement de celle-ci, c’est l’atmosphère de ce roman qui en fait la grande qualité. On en ressort avec des envie d’ailleurs et d’amour de son prochain. On le termine avec quelques notes de trompettes et de jazz dans la tête. Il peuple nos cauchemars de Baron Samedi et d’ouragans mais il crée aussi des rêves de balcons multiples et ouvragés, de défilé de Mardi-Gras et de lumières et c’est à tout cela que l’on reconnaît un bon roman.

 

Humeur musicale

Down est un groupe de heavy métal originaire de la Nouvelle Orléans. J’ai choisi ce morceau que même les allergiques au métal peuvent écouter 🙂

 

 

4ème de couv’

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Un premier roman exceptionnel, basé sur des faits réels survenus à la Nouvelle-Orléans en 1919.

Si la Nouvelle-Orléans est la plus française des capitales américaines, elle est aussi considérée par beaucoup comme la face obscure du pays, enfouie au cœur du sud profond. Construite sur des marécages sous le niveau de la mer, la ville est depuis toujours la proie de tornades, d’ouragans, d’inondations, d’épidémies. La nature du sol en fait une cité qui se fissure, où même les morts ne peuvent être enterrés normalement. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Ses habitants ont ainsi depuis longtemps l’habitude de la menace. Et pourtant… Lorsqu’en 1919 la ville devient la proie d’un mystérieux serial killer qui laisse sur les lieux de ses crimes d’étranges lames de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant toutes d’origine sicilienne, les rivalités ethniques s’exacerbent. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, et Ida, une jeune métisse, secrétaire de l’agence Pinkerton, vont tout faire pour résoudre l’affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets bien gardés. Alors qu’un ouragan s’approche de la ville, l’Ange de la mort, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.

Tensions raciales, corruption, vaudou, jazz et mafia : Ray Celestin a trouvé les ingrédients idéaux dans une série de meurtres qui ont réellement enflammé la Nouvelle-Orléans après la Première Guerre mondiale. Il nous offre un premier roman inoubliable, au suspense omniprésent, doublé d’un portrait de la ville d’un réalisme peu commun. Depuis L’Aliéniste de Caleb Carr, on avait jamais vu ça !

40 réponses »

  1. Ben voilà, c’est encore de ma faute ! 😆 Déjà qu’on a du retard dans nos LC, si en plus on avait ajouté celui-là, je ne sais pas où on serait… 🙄

    Il est excellent, je l’avoue ! Du bon, du tout bon.

  2. Celui-là il me fait de l’œil depuis des mois tant je sens que c’est carrément ma came !!!
    Ton excellente chronique ne fait que me conforter !!!!

  3. Alors lui, je dois le lire et je suis certaine que je vais l’adorer….Avec ta chronique je crois que je vais le commencer immédiatement!!!!Tu donnes trop envie!!!!!!;) Parfait…(Comme dab)……

  4. Un premier roman qui, comme toi, m’a fait voyager dans le temps et l’espace. Découverte d’une ville, La Nouvelle Orléans, et d’un temps, pas si lointain, où la couleur de la peau déterminait son avenir … et pour la forme, une enquête très bien menée sans temps mort.
    C’est un auteur dont je vais guetter le prochain roman !

A vot' bon coeur m'sieurs dames...

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