Despentes Virginie

Virginie Despentes, Vernon Subutex

9782246713517-X_0Ce qu’il me restera de ce roman, ce sera une sensation de gueule de bois sordide et malsaine de lendemain de fête, ce sera une écriture qui laisse hors d’haleine comme un cocaïnomane en pleine montée, ce sera cette virilité dérangeante qui dégage du texte.

Virginie Despentes écrit comme un mec.

Ça cogne. Ça pue les lendemains d’orgie. Ça suinte de l’alcool et ça dégouline de drogue. Ça écarte les cuisses, ça bande et ça trompe à tout va.

Virginie Despentes s’immisce au plus profond de l’âme humaine, ne laissant presque aucune chance à la douceur, ramenant ce qu’il y a de plus dégueulasse et de plus intime. Elle gratte les couches de vernis à coup de burin et va au fond de l’esprit, là où sont enfouis les secrets les plus honteux et les pensées les plus intimes.

Le costume des conventions et des inhibitions qui fait paraître l’être humain civilisé est arraché et jeté au feu. Elle sonde les tréfonds de l’être et le décortique , le fout à poil, le psychanalyse, le baise et le tue même parfois.

« Vernon Subutex » est un roman fait de portraits intransigeants gravitant autour de la mort d’une rock star. Des névrosés pathétiques, des opportunistes égoïstes, des êtres dépourvus de talent et des génies. Quand bien même quelques qualités soient glissées ici et là, l’impression d’avoir affaire à la lie de l’humanité est omniprésente et on ressort de cette lecture presque désabusé face à un monde du show-biz qu’on imagine malgré tout profondément superficiel.

L’auteure n’a aucune pitié ou alors aucun espoir… Triste constat qui donne à Virginie Despentes une image torturée de femme ayant eu une vie chaotique et hors du commun. Cette dernière ne se cachant pas du vécu qu’elle offre à ses romans, l’on n’ose imaginer les êtres hallucinés qui ont jalonné sa route.

Histoire d’une déchéance,ce roman a d’original cette façon de ne pas avoir un seul personnage principal. Malgré le titre éponyme, Vernon Subutex n’est qu’un maillon de la chaîne et il s’efface parfois pour laisser à d’autres le devant de la scène.

Au delà de la superficialité que dégage bon nombre des acteurs de ce roman, Virginie Despentes fait de son « Vernon Subutex » une peinture sociale sombre. Elle s’attaque aux faiblesses, aux fragilités, aux failles. Elle met le feu à la mort lente de l’industrie du disque, glissant une critique cinglante du pouvoir de l’argent et la déchéance de celui qui en manque.

La première partie de cette fresque humaine achevée, aucun doute que la suite s’imposera dans mes choix. Il y a parfois des auteurs qui, malgré un style laissant un arrière-goût amer dans l’esprit, créent comme une addiction ou un besoin d’aller plus loin avec eux. Virginie Despentes est de ceux-là.

 

 

Humeur musicale

Le choix était vaste tant les références musicales sont nombreuses. Nirvana en fait partie.

4ème de couv’

QUI EST VERNON SUBUTEX ?A1WixYzGR5L._UX250_

Une légende urbaine.

Un ange déchu.

Un disparu qui ne cesse de ressurgir.

Le détenteur d’un secret.

Le dernier témoin d’un monde disparu.

L’ultime visage de notre comédie inhumaine.

Notre fantôme à tous.

LE RETOUR DE VIRGINIE DESPENTES – Prix Landerneau du roman 2015

Ce livre fait partie des 5 finalistes du prix RTL-Lire 2015.

 

 

30 réponses »

  1. Je découvre ton blog avec cette chronique coup de poing. J’avais bien aimé l’écriture explosive de Despentes avec Apocalypse bébé même si l’histoire était pas extraordinaire. J’ai bien envie de continuer sur ma lancée et je ne lis que des avis positifs sur ces deux romans. Yapluka!

  2. Et bien, c’est pas la plage, ta chronique, c’est le pavé dans la gueule direct ! Là, si on n’a pas envie de le lire, c’est parce que ta chronique nous aura fait peur… tant de noir et si peu de lumière… 😉

    Bon, j’ai pas les foies, faudra que je le lise, il est quelque part sur ou sous ma très grosse pile !

  3. Une putain de chronique pour un putain de bouquin. Je lis peu de blanche mais Virginie Despentes fait parti de ces auteurs que je suis. J’aime sa fureur et sa façon de percevoir la vie. Je suis pas loin de penser que l’humain est pourri et comme elle je n’ai aucune confiance en lui. Et pourtant…on s’accroche et on essaie d’aimer les autres. Car il y a de belles personnes ça et là malgré tout.
    J’aime ta façon de fondre ta chronique dans le style de l’auteur. De t’approprier son rythme, sa féconde. Tu donnes un ton tout personnel à chacun de tes avis. Ils sont uniques. Ta plume accouche du ton du bouquin, j’adore ! Tu restitues en même temps que tu analyses l’essence du texte. C’est vivant, c’est palpable, c’est un pur plaisir de te lire.
    Merci pour ce talent que tu nous fait partager miss Poulette 🙂
    Virginie Despente est unique, tu as raison, on ne peut rester insensible à son écriture. On est dans les extrêmes avec elle. Pas de nuance possible. Et pourtant, j’avoue que j’y trouve tout un tas de petite subtilité qui font que j’aime cette auteure.
    Mais ce qui est sûre c’est que toi aussi tu es unique !.

    • Tu as réussi à me serrer le coeur d’émotions, c’est malin ! 🙂 Ce qu’on réussi aussi Yvan et David, les bougres!
      Ce que tu me dis me touches énormément et me pousse à continuer. Si vous aimez, alors je suis heureuse 🙂 Et si d’aventure, cela donne envie de lire un roman, c’est parfait.
      De nature, je serais plutôt confiante, voire même un tantinet candide parfois… ce qui me joue des tours régulièrement, je préférerais mille fois être comme toi mais on ne se refait pas.
      Ce bouquin m’a happé pour l’absence de pitié sur le genre humain. J’ai cherché en vain une petite lueur mais, mise à part quelques personnages très secondaires, je n’ai pas trouvé.
      ça fait froid dans le dos quand même … 🙂
      Merci mon amie. Tes mots, ce matin, me donnent le sourire et m’émeuvent.

  4. Putain mais c’est vrai que tu as une putain d’écriture toi !! Du coup je suis venue chez toi, sous les pavés, et tu m’as bougrement donne envie !! Comment il ne serait pas pour moi ? Oh là je crois que je vais y aller ….

  5. Putain d’écriture que tu as ! Quel hommage, il n’y a décidément que toi pour proposer ça. Tu es l’étoile noire des blogueuses littéraires ;-).
    Je l’avais acheté à l’auteure l’an dernier aux QDP mais je ne l’ai pas lu, tu me donnes envie de le ressortir, même si ça risque de me plomber le moral.

  6. Je te rejoins sur cette chronique. Si je n’ai pas forcement aimé, tout ce que j’y ai lu, j’ai adoré comment c’était écrit! Ca envoie du lourd! Aucune pudeur, mais un style qui frappe fort. Pour ma part, j’ai essayé de lire le deuxième, et j’ai abandonné…J’ai aimé le temps d’un livre, mais le vivre sur trois, ça m’a dérangée….Bon après, c’est mon coté trop sensible qui a pris le dessus, peut être que tu y sera plus à l’aise que moi….;)

    • Je ne sais pas… c’est très paradoxal en fait. J’ai acheté le tome 2 et j’ai vraiment envie de le lire. Il m’a happé et dérangé à la fois. C’est curieux…

      • Voilà, c’est ça, cet effet double, mais moi (après je le dis bien, ce n’est pas pour te détourner, hein, mdr) , mais il ne s’est pas prolongé sur le deuxième tome….En tous les cas, c’est vraiment un style qui ne laisse pas indifférent!!!!

A vot' bon coeur m'sieurs dames...

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