Gustawsson Johana

Johana Gustawsson, Block 46

92548_aj_m_7368L’étonnement est là, dès les premières pages.

Une surprise due essentiellement à la construction et au thème de ce roman car il fallait oser ! Oser utiliser les camps de concentration comme toile de fond et y mêler un tueur en série contemporain.Oser les descriptions parfois insoutenables des abominations de la dernière guerre et créer une imbrication entre deux espaces temps si différents en apparence. Oser sortir du cadre habituel des enquêteurs torturés et concentrer son récit, non pas tant sur les personnages, mais sur le Mal absolu né de ces années d’horreur.

Mais voilà, Johana Gustawsson a toute la légitimité requise pour aborder un sujet aussi lourd. Petite fille d’un déporté du camp de Buchenwald, c’est une forme d’hommage rendu à son aïeul que l’auteure rend et elle le fait avec un talent évident sans tomber une seule fois dans les pièges de l’appropriation. Le regard qu’elle apporte sur le récit n’est nullement vengeur, c’est celui d’une journaliste très bien documentée. A contrario, l’émotion qu’elle réussit à insuffler ne fait pas sombrer le roman dans un état clinique. Johana a su trouver l’équilibre parfait entre descriptions et émotions.

Le duo d’enquêtrices qui sort de sa plume n’est pas des plus atypiques et paradoxalement c’est ce qui fait leur originalité. Oubliés les sempiternels codes de flics tourmentés, veufs et alcooliques. Quand bien même on aime retrouver ce genre de personnalités, quand bien même cela apporte un support ou de la substance à un roman, la presque banalité de ces deux femmes est quasi rafraîchissante et surtout, donne une ampleur plus consistante, s’il était possible de le faire, à la trame.

Roman chorale et valse à deux temps, « Block 46 »n’est pas tout à fait un premier ouvrage car l’auteure a commencé sa carrière sur une collaboration avec Laetitia Millot dans « On se retrouvera ». Le chemin en solo est sans doute parsemé d’embûches mais Johana Gustawsson sait à priori comment les éviter.

Le final étonnant de ce roman achève de confirmer le talent de l’auteure ainsi que sa capacité à maintenir une tension et un suspense jusqu’à la toute fin. Johana Gustawsson est une européenne assumée qui a grandi en France, a épousé un suédois et vit en Angleterre, autant dire que les différences culturelles ne lui sont pas étrangères. Ce roman est à son image : différent et riche. Une belle réussite.

 

 

4COEURS

Humeur musicale

Katatonia est un groupe de métal gothique suédois. Leur musique est mélodieuse, presque envoutante.

4ème de couv’

6

Falkenberg, Suède. Le commissaire Bergström découvre le cadavre terriblement mutilé d’une femme.
Londres. Profileuse de renom, la ténébreuse Emily Roy enquête sur une série de meurtres d’enfants dont les corps présentent les mêmes blessures que la victime suédoise : trachée sectionnée, yeux énucléés et un mystérieux Y gravé sur le bras.
Étrange serial killer, qui change de lieu de chasse et de type de proie…
En Suède, Emily retrouve une vieille connaissance : Alexis Castells, une écrivaine pleine de charme spécialisée dans les tueurs en série.
Ensemble, ces deux personnalités discordantes se lancent dans une traque qui va les conduire jusqu’aux atrocités du camp de Buchenwald, en 1944.

Bragelonne, 2015

 

32 réponses »

  1. Oh comme je suis contente que tu es appréciée ce titre.
    Perso j’ai adoré. J’ai trouvé ça culotté par mélanger le thème rebattu du tueur en série avec l’histoire de la déportation. Et comme tout cela est parfaitement dosé et maîtriser c’est juste très bon.
    Et que dire de son duo d’enquêtrice…..
    Je suis en total accord avec toi sur ce coup là ma poulette 😉 🙂

A vot' bon coeur m'sieurs dames...