Coups de coeur

R.J. Ellory, Papillon de nuit

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Les larmes me viennent, en général, assez facilement. Qu’elles soient de joie, de tristesse, de soulagement… elles arrivent souvent sans que je puisse les contrôler d’une quelconque manière, font leur office d’exutoire et sèchent pour laisser la place aux prochaines. Pleurer m’est chose aisée devant un film ou un documentaire et pourtant, étonnamment, les larmes se tarissent pendant mes lectures, le lit de la rivière se retrouve à sec même face au plus triste des scénarios et les romans qui ont ouvert les vannes du barrage se comptent sur quelques malheureux doigts.

J’ignore quels en sont les catalyseurs. L’histoire en elle-même bien entendu, mais les mots de l’auteur y sont pour une grande part ainsi que mon état d’esprit. Les trois se conjuguant provoquent invariablement un torrent sans fin, remuant mes émotions comme une turbine à réaction pour en extraire ces quelques gouttes de liquide salé.

La dernière page de « Papillon de nuit » tournée, elles sont là. Petit miracle matérialisé sur mes joues grâce à ce roman extraordinaire. Des sanglots pressent ma gorge et je ne les retiens pas, bien faible offrande pour un tel talent.

Expliquer ce qu’est l’essence de ce livre est compliqué tant il est dense. Monsieur Ellory ne se contente pas de parler d’amour, d’amitié ou de mort. Il fait ressentir tout cela au lecteur par ses mots, à travers ses phrases. L’amour devient nôtre par empathie, la mort est vécue par procuration. J’aime, je vis et puis je meurs l’instant d’un livre. Fabuleux.

Mais l’écriture d’Ellory c’est aussi la peinture de l’Amérique telle qu’on l’imagine dans les sixties. C’est la ségrégation, le Vietnam, l’assassinat de JFK, le Watergate ou le puritanisme. C’est Elvis, les sodas à la crème ou ces cigarettes qui étaient fumées comme un rite initiatique vers l’âge adulte. Mélancolique.

C’est pour tout cela que ce roman m’a bouleversée et pour une phrase qui m’a fait croire, un fugace et vaniteux instant, que ce grand écrivain ne parlait qu’à moi seule, comme s’il me connaissait, qu’il lisait en moi, comme si cette empathie qu’il réussit à dégager de son œuvre était un vase communiquant d’émotions :

« Parfois, quand on aime quelqu’un, ce que pensent les autres n’a aucune importance. Vous savez ce que vous avez dans le cœur et parfois, vous devez juste faire ce qu’il vous dicte »

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Humeur musicale

Je ne pouvais pas mettre autre chose qu’un morceau des sixties, quand bien même ce ne soit pas ce que j’écoute habituellement

4ème de couv’

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Après l’’assassinat de John Kennedy, tout a changé aux États-Unis. La société est devenue plus violente, la musique plus forte, les drogues plus puissantes que jamais. L’’Amérique a compris qu’’il n’’y avait plus un chef, un leader du pouvoir exécutif, mais une puissance invisible. Et si celle-ci pouvait éliminer leur président en plein jour, c’’est qu’’elle avait tous les pouvoirs.

C’’est dans cette Amérique en crise que Daniel Ford a grandi. Et c’’est là, en Caroline du Sud, qu’’il a été accusé d’avoir tué Nathan Vernet, son meilleur ami.

Nous sommes maintenant en 1982 et Daniel est dans le couloir de la mort. Quelques heures avant son exécution, un prêtre vient recueillir ses dernières confessions. Bien vite, il apparaît que les choses sont loin d’’être aussi simples qu’’elles en ont l’’air. Et que la politique et l’’histoire des sixties ne sont pas qu’’une simple toile de fond dans la vie de Daniel, peut-être lui aussi victime de la folie de son temps.

Publié en 2003 outre-Manche, Papillon de nuit est le premier roman de R.J. Ellory. Récit d’un meurtre, d’’une passion, d’’une folie, il nous offre une histoire aussi agitée que les années soixante.

 

 

     

31 réponses »

  1. Comme tout le monde le sait, je ne suis pas trop fan de cet auteur mais…en lisant ta superbe chronique je ne peux rester de marbre…et je me le note!!! Tu fais vraiment des miracles ma chouette adorée!!!

  2. Une merveilleuse chronique une fois de plus. Je suis toujours subjugué par l’émotion que tu arrives à nous faire passer quand tu écris.
    Je n’ai pas lu ce bouquin. Non. Mais j’ai la chance d’avoir lu ta chronique 🙂

  3. J’adore cet écrivain que j’ai découvert en début d’année avec : Mauvaise étoile et depuis je recherche tous ses romans 😉
    Je suis comme toi, je pleure comme une madeleine devant un film, même vu 1’000x, mais rare sont les livres qui me font pleurer.

  4. Cette chronique émouvante ne pouvait venir que de toi… Cette belle mise en avant de ce livre extraordinaire ne pouvais mieux se faire qu’à travers tes mots. Merci juste pour ça, merci
    Il te faut maintenant lire d’autres Ellory

  5. Ouah quelle jolie chronique!!!!On te l’avait dit lire le Grand Ellory c’est ne pas ressortir indemne!!!!!!
    Je suis trop contente que tu es autant apprécié cette lecture!!!!!Elle fait vraiment partie de mes plus grands coup de cœurs de lecture!!!!!

A vot' bon coeur m'sieurs dames...