Manook Ian

Ian Manook, Heimaey

Ian Manook reprend la recette qui avait parfaitement fonctionné avec sa trilogie mongole. Un personnage central haut en couleur, libéré des conventions sociales et puis un pays mal connu, auréolé d’images d’Épinal.

Les flics imaginés par Ian Manook semblent sortis d’un même moule. Kornélius apparaît comme une version viking d’un Yeruldelgger : même force, même faiblesse, même esprit libre et authentique.

Ça ressemble à du Yeruldelgger. Ça respire les grands espaces et l’air frais. On entend les chevaux islandais galoper comme on pouvait entendre leurs cousins mongols. On admire les aurores boréales et les terres volcaniques comme on contemplait les vertes prairies et les monastères majestueux. Cependant, la ressemblance s’arrête là car le héros mongol crée par l’auteur a laissé sa place. Il a fait son temps, il se devait de passer le flambeau.

Peut-être moins profond que les précédents romans de l’auteur, « Heimaey » se veut dépaysant et permet de découvrir un autre des périples réalisés par Ian Manook. Ce dernier met une passion évidente dans sa façon de décrire les pays qu’il raconte. Toute la beauté des paysages traversés semble magnifiée par sa plume. Il invite au voyage, il embarque ses lecteurs sur son bateau. Il aime ça et ça se voit.

La force de Manook, c’est aussi de créer des rôles secondaires savoureux qui donnent du corps à ses romans. Le drame et l’humour se côtoient, les traits d’esprit apportent parfois de la légèreté au récit comme pour venir contrebalancer les scènes plus difficiles. Le style Manook est bien là. La personnalité de l’auteur se retrouve parfaitement dans son écriture. Quand on connaît l’homme, qu’on l’a rencontré et découvert, l’appartenance de ses romans devient une évidence. Un drôle d’aventurier et un aventurier drôle. Il est les deux et cela le rend passionnant.

« Heimaey » n’est pas à mes yeux le meilleur des romans de l’auteur, néanmoins son intrigue est construite à la road trip. Le rythme est dense et soutenu empêchant l’ennui ou la lassitude. Certaines scènes sont écrites de façon cinématographique ce qui rend ce roman haletant et plein de vie.

Quand Ian Manook raconte, il donne des envies d’évasion. C’est le pouvoir d’un écrivain de grand talent qui ne partage pas que des histoires mais aussi des morceaux choisis de ses propres expériences.

 

 

 4ème de couv’

 

 

Quand Jacques Soulniz embarque sa fille Rebecca à la découverte de l’Islande, c’est pour renouer avec elle, pas avec son passé de routard. Mais dès leur arrivée à l’aéroport de Keflavik, la trop belle mécanique des retrouvailles s’enraye. Mots anonymes sur le pare-brise de leur voiture, étrange présence d’un homme dans leur sillage, et ce vieux coupé SAAB qui les file à travers déserts de cendre et champs de lave… jusqu’à la disparition de Rebecca. Il devient dès lors impossible pour Soulniz de ne pas plonger dans ses souvenirs, lorsque, en juin 1973, il débarquait avec une bande de copains sur l’île d’Heimaey, terre de feu au milieu de l’océan.

Un trip initiatique trop vite enterré, des passions oubliées qui déchaînent des rancœurs inattendues, et un flic passionné de folklore islandais aux prises avec la mafia lituanienne : après l’inoubliable Mongolie de sa trilogie Yeruldelgger et le Brésil moite et étouffant de Mato Grosso, Ian Manook, écrivain nomade, nous fait découvrir une Islande lumineuse, à rebours des clichés, qui rend plus noire encore la tension qu’en maître du suspense il y distille.

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11 réponses »

  1. Oui, il y a des ressemblances entre les deux personnages, mais on s’arrête là. La trilogie mongole explorait d’autres pistes, ici, on est sur un autre type de roman, mais il était plus qu’addictif et niveau paysages, on a bouffé du beau ! :p

A vot' bon coeur m'sieurs dames...