Nathalie Hug a voulu rendre hommage aux femmes survivantes de l’après 14/18. A celles qui ont reconstruit tant bien que mal, qui ont tenu bon malgré les privations, qui ont enterré leurs morts ou qui n’ont jamais vu revenir un mari, un frère ou un fils.
C’est à travers les yeux d’une jeune sage-femme, au fin fond de la Vallée de la Meuse, que Nathalie retrace ces années de survie, quand maltraitances, viols et morts étaient les maux quotidiens. Une histoire écrite crûment pour que les mots aient un pouvoir de mémoire. Des mots choisis pour expliquer le combat de ces femmes courageuses qui luttaient contre les inégalités et les injustices, contre les conventions et leur condition.
Dans ce village lorrain, les trous à l’âme sont comme les trous d’obus et la vie reprend ses droits : sexe, liaisons en tout genre, adultère et prostitution célèbrent la vie pour oublier la mort si présente. Malgré les descriptions parfois violentes et dépeintes de façon directe, l’auteure réussit à faire de son roman une histoire toute en sensibilité, ou l’amour reprend sa place.
Nous, enfants de l’Est, avons tous notre nom en lettres gravées sur quelque monument aux morts lorrains. Dans un bourg meusien d’à peine 200 âmes, berceau de ma famille depuis plusieurs siècles, le mien y figure à plusieurs reprises, rappelant des guerres insensées et cruelles.
Le roman de Nathalie Hug m’a rappelé ces moments de vie qui m’ont été contés, ces villageois qui n’avaient d’autres choix que de survivre, ces sacrifices et ces deuils engendrés par la folie humaine. Il m’a également rappelé ces mirabelles mangées à même leurs branches lorsque j’allais râouer (traîner) dans les prés et que les flaques d’eau trissaient ( éclaboussaient) sur mes chaussures. J’étais évaltonnée (étourdie) et ma mère pinchait (criait) en me traitant de zaubette ( turbulente).
Entre légende urbaine, épisode historique et histoire d’amour, ce roman n’est pas qu’un récit-terroir. Nathalie Hug a une plume pudique et joliment féminine qui sait rendre grâce à sa région natale et je la remercie pour la nostalgie qu’elle m’a offerte.
1, rue des Petits-Pas est certainement un roman très personnel, cela le rend d’autant plus touchant. La moitié d’orange sait aussi parfaitement être autonome et elle le prouve.
Humeur musicale
Un joli morceau de Massive Attack chanté d’une voix délicate ainsi qu’une vidéo qui collent parfaitement au roman
4ème de couv’
Lorraine, hiver 1918-1919. Dans un village en ruines à quelques kilomètres du front, une communauté de rescapés s’organise pour que la vie continue.
Louise, seize ans, est recueillie au 1, rue des Petits-Pas par une sage-femme qui va lui transmettre son savoir: accoucher, bien sûr, mais aussi lire et écrire, soigner les maux courants et, enfin, être l’oreille attentive de toutes les confidences. Mais dans ce village ravagé par la guerre et isolé du monde, les légendes nourrissent les peurs, et la haine tient les hommes debout. Ces peurs et cette haine, Louise va devoir les affronter car elle exerce son art dans l’illégalité, élève un enfant qui nest pas le sien, aime un être qu’elle n’a pas le droit d’aimer, et tente de se reconstruire dans cet univers où horreur et malveillance rivalisent avec solidarité et espoir.
Avec 1, rue des Petits-Pas, Nathalie Hug compose avec talent un magnifique roman d’apprentissage, d’une sincérité et d’un réalisme bouleversants.
Catégories :Hug Nathalie
Oui Nathalie a une plume pudique que je qualifirais de subtile.
Elle joue sur les nuances par petites touches.
Et forcément, la femme que je suis aujourd’hui aime ces histoires de femmes d’il y a un siècle.
Et la jeune fille que j’étais et qui a véçu 20 ans à une encablure de la Moselle, retrouve un peu ses racines dans ce très beau réçit.
Merci aussi pour ta belle chronique miss Nath. 🙂 😉
j’ai hâte de découvrir ses autres romans maintenant 🙂 Je ne savais pas que tu avais vécue près de chez nous!
Je suis plus près du département des Vosges que de ton Alsace 😉
Un livre qui a l’air de marquer!!!!J’aurai trop peur de pleurer……:,(
Pas tentée pour le moment mais je me le note pour un autre temps…..;)
il n’est pas larmoyant, ce serait plutôt un message d’espoir en fait 🙂
Ah ca me plait plus d’un coup!!!!;)
L’alsacien que je suis ne peux que comprendre cette histoire de lorrains. Nous avons les mêmes blessures ancestrales.
Et puis Nathalie Hug est une personne magnifique qui ne peut qu’écrire que des bouquins mémorables, dans le sens noble du terme
et c’est le cas! J’ai attendu un bon moment avant de le faire mais c’est une très jolie découverte. 🙂