C’était un froid matin d’hiver.
Les branches des arbres ployaient sous le poids de la neige, le ciel était gris et les rares habitants restaient au coin du feu.Un jour parfait pour les ogres qui pouvaient dévorer leurs proies à loisir.
Derrière sa fenêtre, Maud observait le monde blanc qui s’éveillait. Elle venait d’achever la dernière page de son roman et elle se sentait épuisée. Ivre aussi. De cette énergie puissante qui la dévorait et la laissait vidée après chaque mot, chaque page, chaque roman. Comme si une part d’elle, un peu de son essence se dissipait à chaque fois et se transformait en ces flocons que le ciel déversait.
Ce roman là, comme les autres avant lui, elle l’avait couvé avec tout l’amour et toute la haine dont elle était capable. Elle l’avait extirpé de son ventre, l’avait aidé à grandir et à devenir ce qu’elle voulait qu’il soit: un monstre.
Un monstre de papier renfermant des créatures pleines de merveilleuse laideur, d’ignoble beauté. Un être repoussant et immonde rempli de tendresse et de férocité.
C’était ça le pouvoir de Maud. Être capable d’extraire le pire et le meilleur de l’Homme, de le transcender. Et puis de l’anéantir aussi. Avec amour.
Faire pousser une jeune fleur ( Eine Jung Blume ), l’arroser et puis la piétiner.
La noirceur la terrifiait et l’attirait inexorablement. Paradoxale Maud. Douce et cruelle Maud. Rare et précieuse Maud. Maud et ses bleus à l’âme…
Toutes ces tortures infligées, ces amours majestueuses, toute cette noirceur derrière la douceur de son regard se posaient inexorablement sur le papier, s’enfermaient derrière les barreaux de ses pages. Une prison de mots qui la laissait respirer plus librement une fois que la clé était enfouie au fond du coffre de son esprit. Antidote impérieux.
Les flocons se posaient doucement sur la terre gelée. Les monstres étaient domptés. Pour le moment.
Maud allait pouvoir se reposer à présent.
4ème de couv’
Ils vivent dans un « terrier ». Les enfants, la mère. Protégés de la lumière du jour qu’ils redoutent. Sales et affamés, ils survivent grâce à l’amour qui les réchauffe et surtout grâce à Aleph, l’immense, le père, qui les ravitaille, les éduque et les prépare patiemment au jour où ils pourront sortir. Parce que dehors, il y a des humains. Parce qu’eux sont des monstres, et que tant qu’ils ne seront pas assez forts pour les affronter, ils n’ont aucune chance.
Mais un jour Aleph ne revient pas, un jour les humains prédateurs viennent cogner à leur porte. Alors, prêts ou pas, il va falloir faire front, sortir, survivre. Pendant ce temps, dans une chambre d’hôpital, un homme reprend conscience. Une catastrophe naturelle sème la panique dans la région. La police, tous les secours sont sur les dents. Dans ce chaos, l’homme ne connait qu’une urgence : regagner au plus vite la maison où on l’attend.
Maud Mayeras est une auteure rare est appréciée dans le monde du thriller pour l’originalité de son ton et son exploration des territoires obscurs de la psyché humaine. Les Monstres est son quatrième roman.
Catégories :Coups de coeur, Mayeras Maud
Bravo, ta chronique est, une fois de plus, excellente ! 😉 Gros kiss :*
Merci ma louloute belge 😆
Je t’embrasse aussi
Big bisous :*
Sublime Maud, la seule à écrire ainsi
elle me surprend à chaque fois